Au début des années 2000, la commune rurale d’Hédé-Bazouges, située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Rennes, en Ille-et-Vilaine, se lançait dans un éco-lotissement social, impulsé par le maire. Presque vingt ans après, le pari est réussi.
Le lotissement des Coutils d’Hédé-Bazouges, une ville d’environ 2300 habitants située au nord-ouest de Rennes (Ille-et-Vilaine), aurait pu ressembler à tant d’autres. Mais ici, les charpentes en bois et les matériaux biosourcés remplacent les parpaings et le PVC. Le grillage n’a pas le droit de cité contrairement aux haies. Les panneaux solaires thermiques ornent les toitures, des cuves permettent la récupération d’eau de pluie et les voitures se font discrètes.« C’est le plus beau lotissement du coin. L’intégration paysagère est magnifiquement réussie », assure Isabelle Clément-Vitoria, maire de la commune, une
pointe de fierté dans la voix. « C’est un endroit exceptionnel. J’ai l’impression d’être privilégié », confirme, enthousiaste, Fabien Libert, 52 ans, habitant de l’écoquartier depuis 2008.
Sortie de terre en deux phases, au milieu des années 2000, puis 2010, l’écoquartier, composé d’une trentaine de logements dont dix en locatif social, était pionnier à l’époque. Il fait désormais référence en la matière et a notamment été labellisé écoquartier par le ministère du Logement en 2013.
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Une volonté municipale à l’origine du projet
A l’origine du projet, le maire de l’époque Jean-Christophe Benis, décédé depuis, voulait développer l’habitat dans la commune, tout en respectant le cadre naturel et agricole. « Il souhaitait un projet communal qui ne soit pas confié à un aménageur. Sa volonté était de reprendre les rênes et de rendre le foncier accessible », explique l’actuelle édile. Et de créer ainsi un quartier plus écologique, plus économe et plus social, sous la houlette des architectes Bernard Menguy et Georges Le Garzic.
« Ce lotissement représentait une opportunité pour des personnes qui avaient envie d’un habitat différent, poursuit Isabelle Clément-Vitoria. Mais c’était aussi une possibilité pour d’autres d’accéder à la propriété. […] Cela a également permis d’avoir des logements sociaux de qualité en campagne, dans ce deuxième bourg [les communes d’Hédé et Bazouges-sous-Hédé, où se situe le lotissement, ont fusionné en 2008, ndlr]. »
Des économies d’énergie substantielles
Une évaluation nationale réalisée par le réseau Bruded (Bretagne rurale et rurbaine pour un développement durable) a mis en avant une consommation d’énergie des maisons inférieures de 60 % à la moyenne régionale des logements individuels construits à la même période. Les habitants des Courtils produisent presque cinq fois moins de déchets que la moyenne locale et consomment presque moitié moins d’eau que les foyers d’Ille-et-Vilaine.
Le réseau insiste, là encore, sur l’importance des mesures politiques dans ces résultats. « Au-delà de la pratique des habitants en tant que telle, plusieurs décisions d’aménagement, incitations ou obligations du règlement, procédures et processus de sensibilisation expliquent pour grande partie les résultats obtenus », souligne l’étude. « C’est important que la municipalité soit à l’initiative du projet, souligne Fabien Libert. Il fallait un soutien réglementaire mais aussi tenir face aux résistances de certains habitants. »
Le quartier, dans son architecture-même, a ensuite été conçu de manière à favoriser les rencontres et les échanges entre voisins et à développer le lien social. « L’état d’esprit y est collaboratif et solidaire », confirme
Fabien Libert. Peu à peu, la commune a retrouvé son dynamisme. Un marché biologique hebdomadaire a vu le jour, tout comme un bar associatif. Une grande partie des habitants de l’éco-lotissement s’investissent dans les associations locales.
Et les projets continuent. « Il y a deux ans, avec des amis de l’écoquartier, nous avons créé un tiers-lieu dans une maison qui jouxte l’écoquartier, poursuit l’habitant des Courtils. Notre association se veut être un lieu de rencontres avec des spectacles, des soirées jeux, des conférences, des salon de thé éphémères. Des activités autour du bien-être y sont également proposées. Des personnes viennent bien au-delà de la commune. » Les quatre amis ont même pour projet de construire un bâtiment passif pour accueillir le tiers-lieu et réhabiliter ensuite la maison en centre d’accueil pour les personnes en difficulté.