Antonin Iommi-Amunategui est journaliste, créateur du blog No wine is innocent et l’auteur de nombreux ouvrages consacrés au vin naturel « Tronches de vin » et « Manifeste pour le vin naturel », parus aux éditions de l’Épure, et fondateur des salons viticoles « Sous les pavés la Vigne ». Il a aussi confondé une maison d’édition, Nouriturfu, spécialisée autour des questions gastronomiques et agri-culturelles. Ici, il livre son engagement autour de l’avenir inéluctable du vin, au naturel.
Quand on s’intéresse au vin, et au vin naturel en particulier, ce qui est mon cas depuis une quinzaine d’années, on se rend rapidement compte que quelque chose ne tourne pas rond dans le Vignoble (avec un grand V comme… Vendre-du-pinard-à-tout-prix?). C’est simple : il ne se passe pas une semaine – pas une – sans qu’un article de presse, qu’une émission de radio ou de TV, révèle telle ou telle étude scientifique mettant en cause la toxicité inattendue d’un herbicide ou d’un pesticide ; un produit tout à fait autorisé, massivement vendu et massivement épandu, mais dont de récentes recherches ont mis en lumière un risque de toxicité plus élevé que prévu ou même insoupçonné… Un exemple? Le 10 octobre 2023, alors que j’écris ces lignes, paraît un article sur Franceinfo expliquant qu’un « lien entre malformations et exposition prénatale au glyphosate » est officiellement établi. Ce même glyphosate dont Bruxelles entend prolonger l’autorisation de dix ans… Au-delà, le foutage de gueule de l’industrie phytosanitaire est manifeste, leur lobbying aux niveaux européen et mondial extrême, et le principe même des AMM (autorisations de mise sur le marché) de ces produits à revoir du sol au plafond. Bien sûr, un pesticide ou un herbicide ce n’est pas une kalachnikov, ça ne tue pas en un instant, empoisonner ça peut prendre des années, alors on minimise ses effets, sa toxicité, sa réalité. Pourtant, il est manifestement grand-temps de prendre de vraies mesures – c’est-à-dire des mesures politiques fortes, à l’échelle nationale sinon européenne – pour enrayer un système à la fois destructeur et dangereux, basé sur
l’usage industriel de produits chimiques dont la toxicité est, à l’évidence, cela a été prouvé cent fois, mille fois, insuffisamment contrôlée. Rappelons qu’on parle ici de dizaines de milliers de tonnes de produits épandues chaque année dans l’Hexagone… Et puis l’agriculture bio a depuis longtemps fait ses preuves, et puis les cépages hybrides – qui se passent quasiment de tout traitement – donnent de très bons résultats, et puis le vin naturel écrase la concurrence (j’anticipe? à peine). En vérité, il n’y a plus aucune raison, sinon de très mauvaises (la tradition, l’idéologie, l’indifférence morbide…), de continuer dans la vile et vieille voie des pesticides et herbicides conventionnels. On peut s’en passer absolument et immédiatement. Alors, on attend quoi? Il n’y a rien à craindre d’un retour à la nature, au naturel – ce sera un véritable retour vers le futur.