A l’autre bout du prisme énergétique, il y a la simplicité et l’évidence. Revenir à la nature et à ses besoins. Ainsi, de la création de Mayenne Bois Energie, SCIC née en 2008 de cette volonté déterminée de mutualiser les ressources naturelles pour les besoins environnants et les entretenir pour ne pas avoir à les épuiser.

Crédit Élodie Louchez

La création de cette société coopérative est assez représentative en vérité, puisqu’il en existe seulement une vingtaine d’autres en France, principalement sur des territoires bocagers à forte dominance dans le Grand Ouest ou dans les régions forestières.
Avec 43 chaufferies collectives et industrielles, 5 000 tonnes de bois déchiqueté commercialisées en 2022, et une grosse centaine d’agriculteurs sociétaires, Mayenne Bois Energie, qui emploie aujourd’hui cinq personnes avec à sa tête Emmanuel Lelièvre, souhaite prouver qu’une filière énergie propre et durable peut exister grâce aux haies bocagères. Olivier Lepage, l’un des techniciens rattaché au Sud de la Mayenne en défend le principe: « L’idée de départ est née de la volonté conjointe des agriculteurs et des élus de developper une filière locale bois énergie et de créer cela sur le département, avec des plateformes locales. C’est la synthèse du rapprochement des acteurs qui souhaitaient de l’entretien pour leurs arbres et d’élus qui voulaient faire quelque chose pour leur paysage et leur énergie locale. »

Créer une filière bocage-énergie locale

Alors même que la France perd définitivement 20 000 km de haies par an, le bois-énergie est rappelons-le, la première source d’énergies renouvelables en France, représentant 33% de la consommation d’énergie primaire issue de sources renouvelables, largement devant les autres énergies renouvelables. La chaleur renouvelable produite à 

de bois, autrement dit le « bois énergie », représente un enjeu stratégique majeur désormais à l’aune des objectifs gouvernementaux pour les EnR (énergies renouvelables) . Et avec près d’un tiers du territoire métropolitain couvert de forêts, le bois dit agricole est en effet présent sur près de 600 000 km en France et représente en volume moyen près de 65 millions de m3 (Solagro).

« Quand on revient sur une haie, observe Olivier Lepage, on produit du bois et le but est de revenir 10,15 ans après et qu’on ait la même quantité de bois. L’objectif est donc clairement renouvelable et que la haie produise durablement. Avec notre « Label Haies », on a co-construit une charte pour l’entretien des haies et donc on regarde si les coupes sont propres, si elles sont les plus basses possibles, l’emprise des haies assez large…toute sortes de critères pour préserver la biodiversité et la repousse, ou la préservation de l’existant, comme les cépées (ndlr: les repousses d’un même arbre de l’année ) notamment. »

Un label pour être porté

Fin 2015, la société a ainsi contribué aux travaux de création du Label Haies avec les autres SCIC du Grand Ouest, qui en certifie la gestion durable au niveau national. La valorisation des haies et de la biodiversité se manifeste par la préservation des auxiliaires de la nature, contre l’érosion, en en devenant des réserves d’eau tout comme de CO2 par exemple. Quant aux fruits commercialisables de cette gestion, bien que premièrement destinés en bois de chauffage, ils peuvent être transformés en bois plaquette pour litière animale et en bois d’œuvre local,  dans la perspective d’aller plus loin encore dans l’autonomie.
C’est là tout l’apport d’Olivier Lepage comme de ses confrères sur l’ensemble du territoire: « Lorsqu’on intervient

 

 

Crédit Élodie Louchez

chez un agriculteur le label sert de protocole d’appui et de légitimité mais cela n’empêche en rien les agriculteurs de faire l’entretien de leur bois avec leur mode de pensée. C’est là qu’on intervient aussi en construisant avec eux un rapport entretien-énergie vertueux pour leur ferme et la production pour la SCIC. »

Une filière locale et raisonnée

Avec 12 plateformes sur le territoire, la production est maillée sur le territoire en fonction des besoins des chaudières et non en fonction de la production possible afin d’éviter toute surenchère inutile de production. Du mois de novembre jusqu’à mi-mars, on entre ainsi chez Mayenne Bois Energie dans le gros de l’abattage et du déchiquetage. Et on se satisfait de rester dans l’équilibre propre lié à une SCIC, une société coopérative d’intérêt collectif pensée avec ses sociétaires : « L’objectif de la SCIC est l’équilibre financier, notre vrai résultat se mesure en nombre d’agriculteurs engagés et en nombre de kilomètres de haies sauvés »