Pendant trois jours, du 14 au 16 juin 2024, la troisième édition des États généraux du Post-Urbain a réuni experts et public engagé, en Centre Bretagne, afin de réfléchir ensemble à des actions concrètes pour favoriser l’autonomie des ruralités.

Un sac de graines de lupin passe de main en main entre les rangées de chaises. Solo Frey, un des intervenants invités à échanger lors de la troisième édition des États généraux du Post-Urbain, vient d’interrompre la table ronde à laquelle il participe afin d’inviter le public à se servir et à planter ces graines, « plutôt que d’importer du soja ».

Le décor est ainsi planté pour ces rencontres, organisées cette fois à Ploërdut, une petite commune du Centre Bretagne, dans le Morbihan : semer le partage et le vivre ensemble dans les campagnes, autour d’alternatives concrètes pour faire germer de nouvelles façons de faire société dans les ruralités.

Des questions concrètes, des solutions précises

Le partage passe aussi par les échanges entre les intervenants de ces États généraux d’un côté, et les participants, sensibilisés aux problématiques du post-urbain, de l’autre. Depuis quatre ans – et autant d’éditions à l’initiative du géographe Guillaume Faburel – ces rencontres font foisonner les découvertes de personnes inspirantes : des individus aux modes de vie alternatifs, des scientifiques ayant déjà réalisé un pas de côté dans leurs recherches, ou des élus locaux engagés vers des projets vertueux pour faire vivre les ruralités.

À leur écoute, des personnes venues du monde associatif ou de collectifs, à la recherche d’alternatives à mettre en œuvre pour réinventer les campagnes. Les échanges sont parfois conceptuels, parfois très concrets, comme lorsque la question de la difficulté à obtenir les autorisations nécessaires pour installer une tiny house sur une parcelle s’invite dans le public. La réponse est technique mais précise.

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Lévénement proposait différents stands, comme ici où des conseils étaient donnés pour réparer les outils plutôt que de les jeter. @Crédit photo : Manuella Binet

La difficulté de tendre vers une « vie simple »

Le logement écologique est d’ailleurs un sujet central durant ces trois jours, à l’heure où les parcelles en campagne deviennent plus que jamais difficiles à acquérir, où la problématique du logement rural pour les plus précaires devient chaque jour plus ardente, où les solutions d’habitat partagé apparaissent comme l’une des solutions d’avenir dans les territoires.

C’est ce que décrit d’ailleurs dans son témoignage, Patricia, une participante. En réponse au témoignage du sage ermite des forêts, Alexis Robert, fondateur d’un écolieu mythique près de la forêt de Brocéliande, elle raconte sa difficulté à tendre vers une vie simple, malgré tous ses efforts. Elle évoque aussi les difficultés qu’elle a dû surmonter en tant que maman solo, sous les applaudissements de la salle.

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Chargée de mission dans une association engagée dans la transition écologique, la jeune femme est elle-même surprise par l’émotion que son histoire suscite autour d’elle. « J’ai voulu en parler ici, car je ne suis pas un cas isolé. Beaucoup de gens ont envie de s’installer dans un territoire rural et vivre simplement. Mais souvent, il y a beaucoup d’obstacles pour atteindre cet objectif. Le prêt qui nous lie à la banque pour pouvoir acheter, le fait d’avoir un travail, ou l’éloignement des villes, par exemple. Je pense qu’il faudrait faciliter l’accès à l’habitat partagé pour tous », avance Patricia.

« Vous contribuez à briser les plafonds de verre »

Ainsi durant trois jours se succèdent, tables rondes, repas végétariens et ateliers parallèles, autour des biorégions notamment, pour les quelque 300 participants. Au-delà de la valeur des témoignages, toutes les tables rondes se terminent par la même question aux intervenants : « Quelles actions concrètes pour aller vers l’autonomie ? »

Agroforesterie et agriculture vivrière pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire, habitat léger ou démocratie participative citoyenne et lutte contre les lobbys sont quelques-unes des réponses avancées. Des propositions concrètes, déjà mises en place dans certains endroits en France et qui ont fait leurs preuves. Un des participants adresse des remerciements sincères, aux intervenants présents venus explorer les alternatives qui fonctionnent et pourraient être mise en place pour peu qu’il y ait la volonté politique ou sociétale de le faire. « Vous contribuez à briser les plafonds de verre et ouvrir le champs des possibles. »

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Photo bannière : Autour du jeu Démétropoly, les participants à l’atelier parallèle du dimanche matin ont imaginé un futur post-urbain réaliste. @Crédit photo : Manuella Binet