Fans de malbouffe, accros à la livraison et aux recettes TikTok, la génération Z, née entre les années 1995 et 2010, pourrait se résumer à ce simple cliché d’après les observations d’une étude, Young & Hungry (« jeunes et affamés » en français), réalisée pour l’éditeur de logiciels Unify et le site de recettes Marmiton (étude menée par l’entreprise Toluna auprès de 1 700 personnes représentatives de la population française, âgées de 18 à 30 ans).
La transmission, voilà la recette
Seulement voilà, l’étude révèle aussi que cette population des moins de 30 ans revendique son végétarisme comme un étendard majeur, au même titre que son vote citoyen, et prend plaisir à s’inspirer des recettes sur les réseaux sociaux. Et plus étonnant, alors que 55 % d’entre eux ont découvert le plaisir de cuisiner pendant les confinements, les jeunes misent sur la transmission, et sont 80 % à préparer des plats basés sur des recettes de famille. La notion de transmission culinaire se replace ainsi au centre de leur assiette de la façon la plus inédite qui soit.
Ainsi, si toutes les générations doivent marquer leur identité aussi par ce qu’elles mangent, le rapport à l’éducation et la transmission se révèle majeur dans l’évolution de nos rapports à la nourriture. C’est exactement ce dont s’est emparée Camille Labro, journaliste au Monde en créant l’École comestible qui promeut les savoirs fondamentaux de la cuisine comme on étudierait les maths et le français. Ou ce dont font déjà preuve nombre de cantines scolaires en France en développant leur propre potager. Le tissu associatif, lui aussi, se réapproprie toute la chaîne alimentaire pour en faire une vitrine de formation en faveur d’une alimentation saine.
Mais plus profondément, la question de la formation ou de l’éducation à l’alimentation et au bon goût tel que le préconise l’État – le bon goût, notez cet atavisme français de nous attacher au bon goût comme s’il était intrinsèquement français – nécessite de remonter dans les étages de la chaîne alimentaire tout simplement.
Ainsi à Granville, former des cuisiniers au bio est une affaire sérieuse qui peut aider à transformer les pratiques plus largement dans la restauration collective, à l’image de ces restaurateurs pionniers qui reconstruisent une filière vertueuse, des producteurs jusqu’à l’assiette.
Militer, c’est aussi éduquer
Fort de ce combat militant, ces cuisiniers ont décelé toutes les lacunes de leur métier, et plus particulièrement la transformation des produits qui bousillent littéralement les papilles et la construction du palais par la facilité appétente agro-industrielle.
Militer fait ainsi partie du schéma de construction de l’éducation. C’est bien ce que pensent Lucie et ses compagnes de route qui construisent un projet de ferme en Bretagne autour de l’autosuffisance alimentaire et de l’inclusion générationnelle. Ou bien les compères de pensée du géographe Guillaume Faburel à l’occasion de son brainstorming géant durant les États Généraux du Post-Urbain, traçant les lignes du réempaysannement de nos campagnes afin d’imaginer la recomposition de nos bases alimentaires futures. Aux millenials qui nous lisent ici alors (y en a t-il ?), voilà de quoi alimenter votre large savoir-faire à vouloir faire par vous-même et prendre votre destin en main pour construire votre alimentation de demain !
Photo bannière : selon une étude, les jeunes misent sur la transmission, et sont 80 % à préparer des plats basés sur des recettes de famille.