Le retour aux sources
L’histoire commence dans les années 1980 quand son père s’installe à la Ferme du Truffié, sur une quarantaine d’hectares. De cette adolescence dans les champs, Fabienne garde le souvenir d’aller aider à la ferme une fois son cartable posé. Elle poursuit des études d’ébénisterie avant de partir dix ans à l’étranger, au Canada. Le pays lui donne sa chance dans l’architecture. Fabienne devient maquettiste.
Lors de son retour en France en 2002, son père lui propose de reprendre la ferme. « Quelque part, ça m’a toujours plu », dit-elle. Un BPREA (Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole) en poche, elle prépare la passation de l’activité à l’été 2003, celui des grosses canicules.
« J’ai passé le dernier été de ma liberté avant de m’installer avec de l’élevage, à faire des clôtures parce qu’il n’y avait rien à manger. » Il fallait étendre les parcs pour trouver de l’herbe.
l’autre, je ne suis pas sûre qu’ils nous prennent vraiment au sérieux. On a le droit à toutes les réflexions sexistes ».
Elle ajoute : « À certains moments, on se demande s’ils n’attendent pas qu’on se casse la gueule ». On lui demande régulièrement s’il est possible de parler au responsable de la ferme : « Si vous êtes à côté d’un homme, on va s’adresser à lui. » Elle en rigole : « Ce n’est pas méchant, mais ce n’est pas encore acquis. »
Transmettre
La paysanne accueille régulièrement des passagers et passagères dans sa Ferme du Truffié. « La bio se démocratise. A Nature & Progrès, on n’est pas beaucoup de producteurs et, dans les petites fermes, on n’est pas très bons dans la communication. Transmettre les façons de vivre, de faire, d’aborder la nature, la terre, la nourriture, l’environnement, je trouve que c’est vachement important. Et quelque part, si on veut changer les choses, il faut bien mettre une pierre à l’édifice. »
Consciente que c’est par la pédagogie que ce modèle de fermes extensives pourra renaître en France, loin des fermes porcines intensives qui dominent le paysage français et leurs cochons qui ne voient jamais la lumière du jour, engraissés au tourteau de soja et au maïs, mutilés par les éleveurs.
Le parcours de Fabienne, c’est celui d’une reconversion, d’un engagement, le fruit de beaucoup de travail pour gérer seule sur la ferme tous les pôles de production de son cochon gascon. Quand elle arrive dans les champs, elle perd la notion du temps. « Je m’aperçois que la ferme, la nature, les animaux font partie entièrement de mon équilibre. » Ça dépasse le cadre professionnel et ça lui pose question sur son départ à la retraite d’ici quelques années. Dans son parcours aux mille vies, que choisira-t-elle d’explorer ? Une chose est sûre, ce sera engagé.